Relais du bien etre - Gymnastique devant le chateau
Lauréats

20 juin 2023

« Ce n’est pas qu’une personne qui remporte le trophée, mais une équipe ! »

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Fabrice Provin, le fondateur du Relai du Bien-Être, une entreprise proposant des séjours thématiques dans des lieux atypiques à destination des personnes en situation de fragilité, se livre au jeu des questions/réponses pour la Nuit des Réussites.

Pouvez-vous présenter votre parcours et votre entreprise ?

Fabrice : Je suis à l’origine d’Âge d’Or Service, société d’aide à domicile que j’ai créé en 1990, sur le constat d’isolement des personnes âgées de mon entourage, et ce malgré la présence de personnes dont elles pouvaient bénéficier à leur domicile : aide-soignant, femme de ménage…

L’idée d’Âge d’Or Service, c’était de rompre l’isolement des personnes âgées pour leur permettre de garder une vie sociale, de pouvoir aller faire leur course elles-mêmes, aller au restaurant…

Fabrice Provin - Relais du bien etre

La genèse de mon activité « sociale » est dans mon ADN depuis très longtemps. En fait, je voulais faire ça dès l’âge de 12 ou 13 ans.

Pour faire le lien avec le Relais du Bien-Etre, j’ai restauré, pendant ma vie personnelle, un monument historique abandonné dans la Marne. À la suite de la restauration, je me suis rendu compte que quand les gens venaient dans ce monument historique, ils me disaient toujours la même chose. Ils se sentaient ressourcés !

Et je me suis dit « Mais pourquoi on ne mettrait pas à disposition notre demeure, pour le bien-être de nos concitoyens en situation de fragilité par suite d’un deuil, une maladie, une retraite pas préparée… »

A l’heure actuelle, on me sollicite de plus en plus pour des personnes qui accompagnent des enfants handicapés ou des aidants.

C’est comme ça qu’on s’est rendu compte que c’est un problème de société, un enjeu de santé publique sur les aidants.

Si demain il n’y a plus d’aidants familiaux, on n’a pas assez de place pour placer tout le monde. Humainement parlant, si on veut respecter ces gens, c’est « un devoir ».

Bien entendu, il y a des limites aussi, si c’est pour le pire, sacrifier sa propre vie et sa propre santé. Mon idée relève du bien-être de ces personnes. Quand je suis revenue en 2021 avec mon ami associé à Troyes, ma ville natale, on a commencé à développer le « Relais du Bien-Être » dans d’autres établissements, toujours dans l’idée d’une demeure historique. Les témoignages font vraiment partie de la thérapie.

De la thérapie ?

Fabrice : Le monument historique fait partie de la thérapie pour se reconstruire. On a des témoignages de personnes qui disent que le lieu a contribué à livrer. Les gens nous disent très souvent, « mais je n’aurais jamais imaginé que dans un groupe de paroles je raconterai ma vie comme ça. Et là, je me sentais bien, dans le beau salon du Château et du coup je me suis lâché ».  

Comment envisagez-vous l’évolution de cette entreprise ?

Fabrice : On parle clairement de changement d’échelle. L’idée c’est que l’on vise vraiment à s’étendre sur toute la France.  L’enjeu, comme on le disait tout à l’heure, c’est un enjeu de « Santé publique », il ne l’est pas uniquement dans notre département ou dans notre région.

Avec des conséquences pour notre structure, qui ne vont pas être simples. C’est d’abord de bons recrutements, un développement. Ce sont des trésoreries à avoir, ce sont des fonds nouveaux à aller chercher, etc…

C’est « l’envie », par rapport à votre question, de ne pas rester sans solution.  Mais bien pour pouvoir répondre à cet enjeu de santé publique dans toute la France.

Pour les aidants familiaux, c’est une de nos priorités. Le cancer, le deuil, ces sujets ne sont pas à prendre à la légère !  Il y a des personnes qui trainent un deuil pendant des années et qui n’arrivent pas à s’en sortir.

Pour répondre aux besoins de ces aidants, nous sommes dans une mécanique de déploiement. Nous avons fait un séjour pour les aidants familiaux en Charente l’année dernière, on a tout fait pour trouver une thérapeute. Et on a eu des retours 100% positifs. Donc aujourd’hui, on a la méthode pour les dupliquer.  

Une de nos valeurs est que nos services soient accessibles à tous, en tout cas financièrement. Parfois on est un peu chahutés, parce que c’est un gros travail, et un coût technique important, le format en lui-même, et pas seulement le Château.

C’est le format qui coûte cher, on n’est pas habitué. L’ARS n’est pas habitué. Ils vont plutôt financer des ateliers, éventuellement dans des salles des fêtes qui sont mises à disposition par les mairies.

Mais si vous voulez, là, aujourd’hui on m’a dit « on finance vos projets parce que c’est un financement qui a du sens ». Et ça fait plaisir parce que ça y est, on commence à concevoir qu’on ne peut pas faire tout « au ras des pâquerettes », parce que c’est la santé.

Relai du bien etre - bord du lac

Aujourd’hui, les aidants ont besoin de lâcher prise, et pour leur faire lâcher prise, il ne suffit pas de leur proposer un atelier d’une heure.

On le voit bien, quand on fait un week-end, parfois pas très loin de chez nous, on est dépaysés, on est actifs. Une dame m’a dit un jour « J’avais oublié qu’on pouvait rire ! ».

Vous vous rendez compte de son constat. J’ai compris que c’était dû à son environnement.

Qu’est-ce que représente le département de l’Aube pour vous ?

Fabrice : C’est dur à dire parce je ne vais pas être objectif réellement. J’aime ma ville, j’aime mon département, ça c’est clair. Je pense que nous ne sommes pas revenus ici par hasard. Je ne vais pas dire que j’ai honte d’être parti une dizaine d’années dans la Marne pour le monument historique. À l’époque, j’avais trouvé un monument dans l’Aube, mais 3 jours avant la signature, la vente a été annulée. Et finalement, 2/3 mois après, je me suis retrouvé dans la Marne.

J’ai presque honte d’être parti une dizaine d’années, mais c’était pour des raisons vraiment très pratiques. Sinon, non, je ne serais pas parti de Troyes. Pour moi, il y a des atouts, des avantages d’être dans une ville moyenne, sans être dans la grande ville. On ne peut pas dire qu’on manque de quelque chose et qu’on est obligés d’aller à Paris. On peut y aller de temps en temps. Mais ici, on a des théâtres, il y a de belles programmations, des cinémas. Et on n’a pas besoin de 50 salles.

Est-ce que vous diriez que vous contribuez au dynamisme du territoire ?

Fabrice : Sans être prétentieux, oui, je le pense.
Récemment, nous avons eu de la presse en Belgique par exemple. On contribue à la bonne image.

Vous savez, il n’y a pas très longtemps, une personne qui est placée au département me disait « on pourrait faire une sorte de centre très spécifique pour les cancers, où on fait venir toutes les personnes en fin de traitement du cancer dans l’Aube pour profiter d’un séjour. » Voyez, c’est peu ça, parce que mine de rien, nous sommes en train de créer un savoir-faire que l’on ne trouve pas ailleurs, qui est français, aubois et troyen !

De plus, on a vraiment la chance d’avoir un super patrimoine sur notre département de l’Aube. On a ce côté « pas énormément touristique » par rapport à d’autres coins. Ce qui peut être beaucoup plus calme et ressourçant que d’aller passer 3 jours à Paris pour se reposer.

Trophée de l'innovation - Relais du bien-être

Comment est-ce que vous aviez entendu parler de La Nuit Des réussites ?

Pour ne rien vous cacher, nous avions déjà postulé la première année mais, nous n’avions pas été reçu. C’est pour dire qu’il n’y a pas « privilèges ».

La 2e année, quelqu’un m’a conseillé de postuler à nouveau. Mais il ne faut pas oublier qu’on avait évolué aussi.

En 2022, nous avons réussi à prouver notre concept, puisque nous avons remporté le trophée de l’innovation. Nous avons prouvé que nous étions vraiment innovant. C’était le message qui avait été dit d’ailleurs à La Nuit des Réussites, « innovant, sans pour autant créer une machine ».

Qu’est-ce qui vous a donné envie de candidater ?

Fabrice : Je trouvais que ça collait bien, c’est pour ça qu’on a re-candidaté. Quand on candidate, on ne sait pas dans quelle catégorie nous allons être nominé. Mais j’avais vu plusieurs prix qui pouvaient correspondre, soit pour l’entreprise, soit pour l’entreprise de l’année, etc…

Puis, j’ai trouvé que c’était un beau retour, sur ma terre natale d’avoir un prix dans l’Aube et d’avoir un prix de l’innovation.

Que vous a apporté la Nuit des Réussites ?

Fabrice : Déjà une signature comme vous l’avez sûrement vu, on la met en avant dans nos signatures de mail, quand on répond à l’appel à projet, on met notre trophée.

On a des articles qui ont été faits dans la presse, donc en termes de communication, cela légitime notre positionnement sur la notion d’innovation, en l’occurrence d’innovation sociale.

Trophée prix du public - Relais du bien-être

Est-ce que vous recommanderiez à d’autres entrepreneurs de participer ?

Fabrice : Sans hésiter, oui !

Parce que ça met de l’adrénaline. Je ne sais pas si c’est l’ambiance avec Canal 32, mais on emmène les équipes au final. Ce n’est pas qu’une personne qui remporte le trophée mais une équipe. Ça donne une dynamique d’entreprise. Le fait même de concourir, même de réfléchir au projet, de réfléchir au dossier. En fait, je ne vois rien qui empêche de concourir.

Même si vous avez un doute sur votre projet, il faut le faire. Ou le refaire.

On s’est dit, soyons meilleurs, on n’a pas convaincu, disons que cette fois-ci on le fera. Je dirais même à ceux qui l’ont fait. « Refaites-le ».

Nous sommes vraiment l’exemple parfait. On est reparti avec des passages télé et avec 2 prix. On avait 0 prix avant et là on repart avec deux.

Je trouve que c’est vraiment bien. On n’est pas dans les Césars, mais c’est très bien. C’est sérieusement organisé.

Les animateurs sont très bien choisis, le cadre aussi. A un moment donné, je me suis dit… « franchement, on rêve un peu ». J’ai été très agréablement surpris !