Isabelle Dumange SMC
Lauréats

19 juin 2023

« Mes salariés étaient fiers d’appartenir à une entreprise où le dirigeant a été élu Entrepreneur de l’année »

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Isabelle Dumange, la dirigeante de la société SMC, une entreprise de technique d’usinage, se livre au jeu des questions/réponses pour la Nuit des Réussites.

Qui êtes-vous, quel est votre parcours ?

Isabelle : Je suis ingénieur en mécanique, c’est important parce que quand on est une femme dans ce milieu, ce n’est pas forcément évident et ça m’a aidé à montrer ma légitimité.  Ensuite j’ai travaillé huit ans dans la sidérurgie en Lorraine. Puis, 8 ans dans la lunetterie dans le Jura. En 2006, je suis revenue dans ma région d’origine, la Champagne. Et j’ai fait du Conseil et de la formation en école d’ingénieur, à l’UTT et à l’EPF aussi.

Au bout de quelques années, j’ai souhaité retourner dans le monde de l’entreprise. Pas en tant que salarié puisque j’avais déjà goûté à l’indépendance, mais en tant que chef d’entreprise.

Isabelle Dumange

C’est là que je me suis mis en quête d’une entreprise à reprendre. J’ai trouvé SMC.

SMC m’intéressait par plusieurs aspects. Déjà, c’était est une entreprise de technique d’usinage. Je voulais rester dans une ambiance technique, en BtoB, travaillant dans des secteurs d’activité assez variés.

SMC travaille dans l’aéronautique, dans les machines spéciales, dans les travaux publics, dans l’électroménager et l’agroalimentaire, en plus petite touche. C’est ce qui nous permet d’être résilient. Quelles que soient les crises, comme l’impact n’est jamais au même moment en fonction des secteurs d’activité, cela nous permet d’avoir toujours un volant d’affaire.

Qu’est-ce qui vous a motivé à reprendre cette entreprise ?

Isabelle : C’est très subjectif. En fait, quand je suis arrivée dans l’atelier, je me suis dit : « Voilà, je me sens bien. C’est là que j’ai envie de passer les 15 dernières années de ma vie professionnelle. »

Et puis après, j’ai eu un très bon contact avec le dirigeant, c’est important. Concernant les chiffres de l’entreprise, je voyais qu’il y avait possibilité d’évoluer, le parc machine étant beaucoup plus important que le personnel.

SMC, entreprise de technique d'usinage

Sur ces 15 dernières années qui vous reste à travailler, comment imaginez-vous l’évolution de l’entreprise ?

Isabelle : Il y a déjà eu beaucoup d’évolution. En 2021, j’ai repris la SAM qui est une entreprise d’usinage à Rosières qui emploie 8 salariés.

D’ailleurs, je ne l’ai pas dit, mais chez SMC, nous sommes 18.

Je me suis également associée avec une salariée de la société SEVA, qui est un bureau d’études à Saint Florentin, où je suis majoritaire. J’aide cette salariée à reprendre l’entreprise de son patron.

Je suis sur 3 sites, donc j’ai beaucoup de trajets, beaucoup de travail. Actuellement, je suis plutôt dans une phase de simplification et d’optimisation.

L’objectif est faire en sorte que ça fonctionne mieux sur l’ensemble, il y a déjà beaucoup de travail à faire suite au rachat de ces deux sociétés.

Nous venons donc de fusionner, afin que SAM et SMC ne fasse plus qu’un. La fusion implique beaucoup de contraintes. Ce n’est pas évident, il a fallu recruter des personnes pour remplacer les dirigeants. Je pense qu’on est arrivé au bout. Maintenant, je pense que je vais un peu me calmer. Continuer les investissements, le développement des clients existants, et que je vais en rester là.

SMC, entreprise de technique d'usinage

Que représente le département de l’Aube pour vous ?

Isabelle : Alors, je ne suis pas auboise, je suis marnaise. Ce n’est pas très loin et malgré tout je trouve que l’Aube est un territoire très accueillant.

Quand j’ai commencé en tant que consultante, j’ai été bien accompagné par les structures locales. J’ai pu faire un bilan de compétences, j’ai pu faire une formation à la création d’entreprise. J’ai eu un bureau d’entreprise dans une pépinière qui était géré par la mairie, rue des Bas Trévois.

A l’époque, j’avais aidé la CCI de l’Aube en faisant pas mal de conférences et eux me recommandaient à des clients. Quand ils recommandent ils donnent 3 noms, mais ça m’a aidé quand même. Ils m’ont aidé à me développer.

J’avais également eu des contacts avec la CCI de la Marne. Mais elle m’a moins bien accueillie. Je veux dire, si on n’était pas dans le Champagne, on n’est pas tellement aidé.

Quand j’ai souhaité reprendre une entreprise, j’ai été accompagnée par le réseau « Entreprendre » qui est un très bon réseau. Il n’est pas que dans l’Aube.

J’ai également été accompagnée par la région qui m’a fait un prêt d’honneur. Ça, c’est grâce au réseau « Entreprendre » qui m’a mis en relation avec la région. J’ai eu ce prêt d’honneur que j’ai remboursé mais ça m’a permis de garder le sommeil de mes 5 premières années.

J’avais une avance de trésorerie et je n’avais pas besoin de me soucier de savoir si j’allais pouvoir payer mes dettes.

Pensez-vous contribuer à la dynamique de ce beau territoire de l’Aube ?

Isabelle : J’espère ! Parce que ça, c’était vraiment un de mes souhaits quand j’ai pu reprendre l’entreprise.
Je voulais créer de l’emploi, c’était mon premier projet. Et c’est difficile, mais j’en ai créé quand même 5. Puis j’ai aussi préservé des emplois de la société d’application mécanique à Rosières.  A ma petite échelle, mais bon… Si chacun fait sa partie, on y arrive.

Je forme aussi. J’ai actuellement 4 apprentis sur l’ensemble des structures. Sur 32 salariés, il y en a 1 sur 8 qui est un apprenti.

Je suis intimement convaincue qu’il faut participer à la formation. Je me suis rendue compte qu’avec une annonce, je ne pouvais pas trouver de salariés. Que des tourneurs, des fraiseurs, des soudeurs, il y en n’avait pas. Ou alors s’ils étaient bons, ils n’étaient pas disponibles.

Je ne me suis pas arrêtée pas à ce genre de problème et je me suis dit : « Qu’est-ce que je peux faire ? ». La solution que j’ai trouvée, c’est de les former.

Il y a beaucoup d’apprentis qui sont passés par SMC. C’est important de former sur des métiers qui ne sont pas très populaires, dans les collèges et les lycées. Ces métiers apportent beaucoup de satisfaction aux personnes qui les exercent, parce qu’ils créent des choses de leurs mains et c’est bien pour ceux qui ont besoin d’un travail manuel.

Je participe aussi au développement de ces métiers et en particulier à la féminisation. J’ai une femme qui est embauchée chez nous en CDI. Elle fait du fraisage. J’ai également une apprentie en fraisage, puis au mois de septembre, j’en aurai une en soudure.

Dans la mesure du possible, je prends la parole sur notre volonté de féminiser ces métiers. Il y a une de mes salariés qui a réalisé un petit film pour la région justement, pour dire que l’on peut très bien être une femme et être soudeur.

Ce sont de belles ambitions pour la dynamisation du territoire et de notre métier.

Isabelle Dumange pendant la cérémonie de la Nuit des Réussites 2022

Comment vous avez entendu parler de La Nuit des Réussites ?

Isabelle : C’est Canal 32 qui m’en a parlé, lorsque l’entreprise a réalisé un portrait de moi.
J’avais déjà vu des campagnes de publicité, sans trop m’y intéresser. En fait, je pensais que ce n’était pas pour moi.

Qu’est-ce qui vous a motivé à candidater, si vous pensiez que ce n’était pas pour vous ?

Isabelle : C’est Fabrice Schlosser qui m’a fait comprendre que c’était peut-être pour moi quand même !

Qu’est ce que cela vous a finalement apporté d’être nominée lauréate ?

Isabelle : De la satisfaction déjà. Ce sont des années d’efforts en ce qui me concerne, donc cela apporte du réconfort.

Ça m’a également apporté une grande visibilité sur les réseaux sociaux et non sociaux d’ailleurs.

Il y a beaucoup d’endroits où je me rends, on me dit : « Ah ! Voilà l’entrepreneur de l’année. »

Ça a marqué beaucoup de gens qui m’ont dit : « On t’a vu à La Nuit des Réussites ! ».

On peut donc dire que cela nous a apporté de la notoriété, à moi, puis à l’entreprise. On l’a fêté avec les salariés, c’était au mois de novembre, quand on a fait le repas de Noël, je leur ai offert un verre, j’ai expliqué le concours et je me suis rendu compte que : « Mes salariés étaient fiers d’appartenir à une entreprise où le dirigeant a été élu ‘Entrepreneur de l’année’. » Ça, je ne le pensais pas et en fait, si, ils étaient fiers.

Ils m’ont aussi dit qu’il y avait des clients ou des fournisseurs qui en parlaient. Donc ça a eu un impact très important sur notre notoriété.

Est-ce que vous recommanderiez à d’autres entreprises de participer ?

Isabelle : Ah oui, bien sûr ! Et je l’ai déjà fait ! En fait, ce n’est pas que j’ai recommandé, c’est qu’il y a des gens qui m’ont demandé : « Comment as-tu fait pour participer ? C’est compliqué ? ».  

Trophée de l'entrepreneur de l'année - Isabelle Dumange (SMC)

En fait, c’est assez simple, il y a 2 dossiers à remettre.

C’est vrai qu’au début, je m’en faisais une petite montagne, mais ce n’est pas hyper compliqué. Il faut surtout bien mettre en avant ce que l’on a envie de mettre en avant. Moi, j’avais beaucoup insisté sur la féminisation et sur l’apprentissage.

L’investissement en vaut la peine car cela apporte beaucoup pour l’entreprise et les salariés.