Vicky Garcon Francais
Lauréats

5 juin 2023

« Ce trophée de la Nuit des Réussites, c’était finalement une façon de voir tous mes efforts récompensés à l’échelle locale »

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Vicky Caffet Kaisserlian, le fondateur de Garçon Français, une marque de sous-vêtements masculins 100% fabriqués en France, se livre au jeu des questions/réponses pour la Nuit des Réussites.

Quel est votre parcours ?

Vicky : Je suis passé par l’école de commerce de Troyes. J’ai fait une formation internationale qui m’a permis de voyager dans plusieurs pays, durant mes quatre années d’étude. J’en suis sorti avec une formation vraiment ouverte sur le monde et sur différentes façons de concevoir le business. En rentrant en France, j’ai travaillé pendant 3 ans pour des PME françaises dans différents secteurs.

Rapidement, j’ai été confronté à mes défauts (ou mes qualités), à savoir ma franchise. J’évoquais souvent avec mes responsables ce que je pensais de leur management et de leur façon de concevoir ou de penser leurs produits. Forcément, cela a créé des tensions, parfois un peu compliquées à gérer.  Rapidement, j’ai pris conscience qu’il fallait que je me lance dans mon propre projet : la création d’entreprise.

J’avais déjà eu l’idée de Garçon Français, quelques années auparavant durant mes études, ce fut donc le moment de me lancer, en fin d’année 2011.

Lorsque je me suis lancé, j’ai exercé en parallèle une fonction de professeur à Supinfo et dans une école de commerce à Paris pour pouvoir manger. Auprès des étudiants, j’essayais de leur apprendre le marketing et le management.

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Pouvez-vous décrire votre entreprise ?

Vicky : Garçon Français est une marque que j’ai créée en 2012. C’est une marque de sous-vêtements masculins principalement. L’ensemble des produits est fabriqué en France et majoritairement dans le bassin textile troyen.  

Pourquoi ?  Parce que dès le départ je voulais créer une entreprise qui me rendait fier de ce que je fais. Ne pas avoir honte que mon produit puisse être fabriqué à l’autre bout du monde, par des gens que je ne connais pas. À l’heure actuelle, j’ai une transparence totale sur le processus de fabrication et sur le circuit de distribution.  C’est une entreprise made in France avec des valeurs humaines et faites pour affronter les contraintes environnementales nouvelles, avec une démarche qui est toute autre par rapport à nos concurrents.

Comment avez-vous eu l’idée de ce concept ?

Vicky : L’idée du concept m’est venue lors de mon dernier stage effectué aux États-Unis, à Miami. C’était sur la plage, il y avait pas mal de surfeurs et de personnes qui se baignaient avec des maillots de bain d’une marque australienne. Je suis allé voir leur site internet et j’ai vite été inspiré par leur façon de faire : tout d’abord par leur communication orientée vers le surfeur australien, puis par une approche « produit » locale, avec une grosse partie de la fabrication basée en Australie. Cette approche de la marque d’un point de vue marketing et production m’a beaucoup plu. En parallèle, j’avais déjà remarqué après mes différents voyages à l’étranger, que l’esprit français et la culture française était plutôt très bien perçus. Je voulais un nom de marque qui puisse évoquer cette qualité de vie et cette approche que l’on peut avoir du français.

Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer ?

Vicky : Il y a 2 choses majeures je pense qui m’ont motivé à me lancer.

La première c’est l’indépendance. Pouvoir me prouver à moi-même de ce que j’étais capable, de monter un projet de A à Z qui puisse être rentable. Malgré le fait qu’à l’époque, et encore aujourd’hui, on pense que la fabrication locale est une toute petite niche qui ne sert à pas grand-chose, parce que ça n’a pas de valeur financière ou commerciale sur le long terme.  Nous avons su prouver que ça c’était faux et que l’on peut faire de belles choses rentables en France.

Et la seconde a été de prouver que l’on puisse faire fabriquer en France et surtout aller au contre-courant de ce que l’on voit aujourd’hui et depuis très longtemps. J’ai notamment pu constater les travers de l’industrie. J’ai travaillé pour une marque de lunettes détenue par des Chinois avant de créer Garçon Français. Ils importaient des produits chinois et ils avaient une machine pour les tamponner « Made in France » dans leurs ateliers. Et voilà tout ce que je ne voulais pas !

Depuis combien de temps êtes-vous en activité ?

Vicky : Depuis 2012.

Parlez-nous de l’évolution de votre entreprise.

Vicky : Au départ j’ai créé la structure pour qu’elle soit un « Pure Player », c’est à dire avec une distribution uniquement sur internet. Et puis rapidement nous avons reçu des demandes de boutiques multimarques qui souhaitaient distribuer nos produits. Dix ans plus tard, notre chiffre d’affaires est réparti à 50% sur notre site internet, environ à 40% sur notre réseau de revendeurs et 10% sur la vente en direct, à travers nos salons et notre boutique troyenne.

Les collections ont évolué, la gamme a grossi également. Nous sommes passés d’une trentaine de références à plus de 1.200 aujourd’hui, tout en gardant les idéaux de départ et les valeurs qui ont poussé à créer la marque c’est-à-dire la fabrication française et la qualité.

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Quelles sont vos prochains projets / objectifs ?

Vicky : Alors, les prochains projets pour Garçon Français, c’est de continuer le développement sur le site internet et la vente en ligne parce que malheureusement le retail (la vente au détail) souffre de plus en plus.

Et sur le long terme, il y a de fortes chances que beaucoup de mes revendeurs et beaucoup de  commerces de centre-ville ferment.  Donc il faut constamment se réinventer et surtout miser sur les métiers de l’avenir donc internet. On n’a pas le choix si on veut continuer de développer des produits en France. C’est distribuer le plus longtemps possible des produits via un cycle de distribution direct pour minimiser les coûts et maximiser les marges et toujours continuer de développer les gammes mais en restant évidemment sur une production française.

Que représente le département de l’Aube pour vous ?

Vicky : Tout d’abord, c’est le département où je suis né et où j’ai grandi. Et puis avec mes études et ma carrière professionnelle, je me suis éloigné de Troyes, même si j’y reviens régulièrement pour le travail. Pour moi, aujourd’hui, c’est une zone d’excellence dans le textile où je peux fabriquer une bonne partie de mes produits, où vous avez des savoir-faire et des entreprises de qualité pour réindustrialiser la France.

Pensez-vous contribuer à la dynamique du territoire ?

Vicky : Oui je pense réellement contribuer à la dynamique du territoire sur différents aspects. La première est le fait que 80% de mes produits sont fabriqués localement donc j’agis au quotidien dans le maintien et la création d’emplois à l’échelle locale. Puis il y a notre communication sur le Made in Troyes, Made in Aube et sur les savoir-faire centenaires dont le département dispose. Donc oui, je pense que je suis un bon ambassadeur du département.

Comment avez-vous entendu parler de La Nuit des Réussites ?

Vicky : J’ai entendu parler de La Nuit des Réussites via mon agence de communication. Et j’ai un gros « défaut » qui est d’être constant et fidèle à mes partenaires. Travaillant avec eux depuis plus de 10 ans, nous avons longuement échangé sur le concours.

Pourquoi avoir candidaté ?

Vicky : J’ai candidaté pour me fixer un petit challenge, voir si après plusieurs années de création et d’évolution avec ma marque, j’étais toujours dans la course. J’étais également curieux de voir si l’aura que j’ai pu créer autour de ma société parlait au territoire.  

Que vous a apporté La Nuit des Réussites ?

Vicky : C’était une très belle soirée, très bien organisée avec beaucoup d’émotions parce que j’ai eu la chance de remporter deux prix, notamment le prix du public qui m’est cher. J’ai également pu voir et rencontrer des chefs d’entreprise et des personnalités du département. C’était chouette, c’était une bonne soirée.

Est-ce que cela vous a apporté quelque chose dans un temps deux, en terme de visibilité de marque ?  

Vicky : Oui à l’échelle locale, cela a apporté un petit plus notamment pour les fêtes de fin d’année. Parce qu’il y a beaucoup de troyens qui malheureusement ne viennent jamais au centre-ville et qui après avoir entendu parler de nous, ou réentendu parler de nous, sont venus à la boutique pour faire leurs achats de Noël. C’est toujours positif de faire redécouvrir le centre-ville aux aubois et de leur montrer que bien que l’on pense que le textile est une industrie du passé, dans ces moments-là, on montre aussi que c’est une industrie d’avenir.

Recommanderiez-vous La Nuit des Réussites à d’autres entrepreneurs ?

Vicky : Bien sûr, oui, je recommande vraiment de participer au concours. Déjà parce que ça permet de mettre sur papier l’évolution de sa structure. Cela permet de décrire son business, son approche marketing et commerciale donc c’est plutôt intéressant de se repositionner pendant quelques heures sur un dossier. Et puis en dehors de ça, c’est toujours une façon sympathique de communiquer et d’échanger avec des partenaires locaux ou influenceurs locaux.

Quel a été votre ressenti d’apprendre que vous étiez candidat pour les trophées Made in Aube et du Public ?

Vicky : Lorsque j’ai appris que j’étais nommé sur le trophée Made in Aube, j’étais ravi parce qu’avec l’implication que j’ai au niveau du département, c’est super important.

Et d’avoir eu ce trophée, c’était finalement une façon de voir tous mes efforts récompensés à l’échelle locale.

Souvent c’est là que l’on est le moins bien représenté, typiquement à Paris lors de salon, les personnes sont très intéressées quand on leur dit que c’est du Made in Troyes alors qu’à Troyes pas nécessairement, c’est un peu paradoxal d’ailleurs.

Et pour le trophée du public, nous avons une communauté très active sur les réseaux sociaux, ce qui a permis de fédérer autour de ce vote, donc forcément nous étions ravis, d’autant plus que nous l’avons remporté (apparemment) haut la main !

Trophée Made In Aube 2021 : Garçon Français